Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/271

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Les institutions humaines sont si étranges, que le sort, le bien-être, tout l’avenir d’un des plus grands génies dont l’Italie puisse se glorifier, étaient à la merci de l’administrateur général de la Lombardie. En choisissant ce fonctionnaire, l’autorité, quand elle était difficile, exigeait, je le suppose, que certaines notions de finances se joignissent au nombre de quartiers de noblesse impérieusement prescrits par l’étiquette ; et voilà cependant l’homme qui devait décider, décider sans appel, Messieurs, si Volta méritait d’être transporté sur un plus vaste théâtre, ou bien si, relégué dans la petite école de Come, il serait toute sa vie privé des dispendieux appareils qui, certes, ne suppléent pas le génie, mais lui donnent une grande puissance. Le hasard, hâtons-nous de le reconnaître, corrigea à l’égard de Volta ce qu’une telle dépendance avait d’insensé. L’administrateur, comte de Firmian, était un ami des lettres. L’école de Pavie devint l’objet de ses soins assidus. Il y établit une chaire de physique, et, en 1779, Volta fut appelé à la remplir. Là, pendant de longues années, une multitude de jeunes gens de tous les pays se pressèrent aux leçons de l’illustre professeur ; là ils apprenaient, je ne dirai pas les détails de la science, car presque tous les livres les donnent, mais l’histoire philosophique des principales découvertes ; mais de subtiles corrélations qui échappent aux intelligences vulgaires ; mais une chose que très-peu de personnes ont le privilége de divulguer : la marche des inventeurs.

Le langage de Volta était lucide, sans apprêt, inanimé quelquefois, mais toujours empreint de modestie et d’ur-