Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/288

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de Youngsbury, était un jeune homme de beaucoup de distinction, alors tout occupé à se perfectionner dans la connaissance des langues anciennes ; c’était l’auteur futur de la Calligraphia grœca. Il ne tarda pas, cependant, à sentir l’immense supériorité de l’un de ses deux disciples, et il reconnaissait, avec la plus louable modestie, que, dans leurs communes études, le véritable Tutor n’était pas toujours celui qui en portait le titre.

À cette époque, Young rédigea, en recourant sans cesse aux sources originales, une analyse détaillée des nombreux systèmes de philosophie qui furent professés dans les différentes écoles de la Grèce. Ses amis parlent de cet ouvrage avec la plus vive admiration. Je ne sais si le public est destiné à jamais en jouir. En tout cas il n’aura pas été sans influence sur la vie de son auteur, car en se livrant à un examen attentif et minutieux des bizarreries (je me sers d’un terme poli) dont fourmillent les conceptions des philosophes grecs, Young sentit s’affaiblir l’attachement qu’il avait eu jusque-là pour les principes de la secte dans laquelle il était né. Toutefois il ne s’en sépara entièrement que quelques années après, pendant son séjour à Édimbourg.

La petite colonie studieuse de Youngsbury quittait pendant quelques mois d’hiver le comté de Hertford et allait habiter Londres. Durant l’un de ces voyages, Young rencontra un professeur digne de lui. Il fut initié à la chimie par le docteur Higgins, dont je puis d’autant moins me dispenser de prononcer ici le nom, que, malgré ses réclamations vives et nombreuses, on s’est obstiné à ne pas reconnaître la part qui lui revient légitimement