Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/307

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volonté d’être juste, avec le vif désir de concilier les prétentions rivales des deux savants dont la mort prématurée a été pour l’Europe entière un si légitime sujet de regrets. Au reste, je ne dépasserai pas dans cette discussion sur les hiéroglyphes, les bornes qui me sont tracées ; heureux si l’auditoire qui m’écoute, et dont je réclame l’indulgence, trouve que j’ai su échapper à l’influence d’un sujet dont l’obscurité est devenue proverbiale !

Les hommes ont imaginé deux systèmes d’écriture entièrement distincts. L’un est employé chez les Chinois : c’est le système hiéroglyphique ; le second, en usage actuellement chez tous les autres peuples, porte le nom de système alphabétique ou phonétique.

Les Chinois n’ont pas de lettres proprement dites. Les caractères dont ils se servent pour écrire, sont de véritables hiéroglyphes : ils représentent non des sons, non des articulations, mais des idées. Ainsi maison s’exprime à l’aide d’un caractère unique et spécial, qui ne changerait pas, quand même tous les Chinois arriveraient à désigner une maison, dans la langue parlée, par un mot totalement différent de celui qu’ils prononcent aujourd’hui. Ce résultat vous surprend-il ? Songez à nos chiffres, qui sont aussi des hiéroglyphes. L’idée de l’unité ajoutée sept fois à elle-même s’exprime partout, en France, en Angleterre, en Espagne, etc., à l’aide de deux ronds

    veau titre de gloire. Ainsi l’importance de la question et l’amour-propre national bien entendu se sont réunis pour m’encourager à publier le résultat de l’examen minutieux auquel je me suis livré. Puissé-je ne m’être pas trop aveuglé sur le danger qu’il y a toujours à aborder des sujets difficiles, dans des matières dont on ne fait pas le sujet spécial de ses études. »