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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/343

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à qui on rend une justice bien incomplète quand on se contente de dire qu’il nous apprit beaucoup en nous apprenant à douter, s’occupa aussi un moment de ce problème, et y laissa l’empreinte ineffaçable de sa main puissante. Hudde donna pour un cas particulier, mais très-important, des règles auxquelles on n’a depuis rien ajouté ; Rolle, de l’Académie des sciences, consacra à cette unique question sa vie tout entière. Chez nos voisins d’outre-mer, Harriot, Newton, Mac-Laurin, Stirling, Waring, je veux dire tout ce que, dans le dernier siècle, l’Angleterre produisit de géomètres illustres, en firent aussi l’objet de leurs recherches. Quelques années après, les noms de Daniel Bernouilli, d’Euler, de Fontaine, vinrent s’ajouter à tant de grands noms. Lagrange, enfin entra à son tour dans la carrière, et, dès ses premiers pas, il substitua aux essais imparfaits, quoique fort ingénieux, de ses prédécesseurs, une méthode complète et à l’abri de toute objection. À partir de ce moment, la dignité de la science était satisfaite ; mais, en pareille matière, il ne serait pas permis de dire avec le poëte :


« Le temps ne fait rien à l’affaire. »


Or, si les procédés inventés par Lagrange, simples dans leur principe, applicables à tous les cas, ont théoriquement le mérite de conduire au résultat avec certitude, ils exigeraient, d’autre part, des calculs d’une longueur rebutante. Il restait donc à perfectionner la partie pratique de la question : il fallait trouver les moyens d’abréger la route, sans lui rien faire perdre de sa sûreté. Tel