Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/377

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quences de la théorie sont plus générales, plus importantes.

La chaleur, excitée, concentrée en un certain point d’un corps solide, se communique, par voie de conductibilité, d’abord aux particules les plus voisines du point échauffé, ensuite de proche en proche à toutes les régions du corps. De là le problème dont voici l’énoncé :

Par quelles routes et avec quelles vitesses s’effectue la propagation de la chaleur, dans des corps de forme et de nature diverses, soumis à certaines conditions initiales ?

Au fond, l’Académie des sciences avait déjà proposé ce problème, comme sujet de prix, des l’année 1736. Alors les termes de chaleur et de calorique n’étant pas en usage, elle demanda l’étude de la nature et de la propagation du feu ! Le mot feu, jeté ainsi dans le programme sans autre explication, donna lieu à la plus étrange méprise. La plupart des physiciens s’imaginèrent qu’il s’agissait d’expliquer de quelle manière l’incendie se communique et grandit dans un amas de matières combustibles. Quinze concurrents se présenterent ; trois furent couronnés.

Ce concours donna peu de résultats. Toutefois, une singulière réunion de circonstances et de noms propres en rendra le souvenir durable.

Le public n’eut-il pas le droit de s’étonner, en lisant cette déclaration académique : « La question ne donne presque aucune prise à la géométrie ! » En matière d’inventions, tenter de faire la part de l’avenir, c’est se préparer d’éclatants mécomptes. Un des concurrents, le grand Euler, prit cependant ces paroles à la lettre. Les