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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/392

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rettrouveront sous chaque latitude, les climats qui leur ont permis d’y vivre et de s’y établir.

Ce sont là, Messieurs, de grands, de magnifiques résultats. En les consignant dans les annales de la science, les historiens ne négligeront pas de signaler cette particularité singulière, que le géomètre à qui l’on dut la première démonstration certaine de l’existence, au sein de notre globe, d’une chaleur indépendante de l’action solaire, a réduit à néant le rôle immense qu’on faisait jouer à cette chaleur d’origine dans l’explication des phénomènes de température terrestre.

Au mérite d’avoir débarrassé la théorie des climats d’une erreur qui restait debout, appuyée sur l’imposante autorité de Mairan, de Bailly, de Buffon, Fourier a joint un mérite plus éclatant encore : il a introduit, dans cette théorie, une considération totalement négligée jusqu’à lui ; il a signalé le rôle que doit y jouer la température de ces espaces célestes, au milieu desquels la terre décrit autour du soleil son orbe immense.

En voyant, même sous l’équateur, certaines montagnes couvertes de neiges éternelles ; en observant le décroissement rapide de température des couches de l’atmosphère, pendant les ascensions aérostatiques, les météorologistes avaient cru que dans les régions d’où l’extrême rareté de l’air tiendra toujours les hommes éloignés, et surtout qu’en dehors de l’atmosphère, il doit régner des froids prodigieux. Ce n’était pas seulement par centaines, c’était par milliers de degrés qu’ils les eussent volontiers mesurés. Mais, comme d’habitude, l’imagination, cette folle du logis, avait dépassé toutes les bornes.