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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/417

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tant de grâce, pendant plus d’un demi-siècle, parmi tous ceux dont il était entouré, se développa de très bonne heure. On en trouvera la preuve dans ces quelques lignes que j’extrais, en les traduisant, d’une note inédite, rédigée en 1798 par madame Marion Campbell, cousine et compagne d’enfance du célèbre ingénieur[1].

« Dans un voyage à Glasgow, madame Watt confia son jeune fils James à une de ses amies. Peu de semaines après elle revint le voir, mais sans se douter assurément de la singulière réception qui l’attendait. Madame, lui dit cette amie dès qu’elle l’aperçut, il faut vous hâter de ramener James à Greenock. Je ne puis plus endurer l’état d’excitation dans leque il me met : je suis harassée par le manque de sommeil. Chaque nuit, quand l’heure ordinaire du coucher de ma famille approche, votre fils parvient adroitement à soulever une discussion dans laquelle il trouve toujours le moyen d’introduire quelque conte ; celui-ci, au besoin, en enfante un second, un troisième, etc. Ces contes, qu’ils soient pathétiques ou burlesques, ont tant de charme, tant d’intérêt, ma famille tout entière les écoute avec une si grande attention, qu’on entendrait une mouche voler. Les heures ainsi succèdent aux heures, sans que nous

  1. Je suis redevable de ce curieux document à mon ami, M. James Watt, de Soho. Grâce à la vénération profonde qu’il a conservée pour la mémoire de son illustre père, grâce à l’inépuisable complaisance avec laquelle il a accueilli toutes mes demandes, j’ai pu éviter diverses inexactitudes qui se sont glissées dans les biographies les plus estimées, et dont moi-même, trompé par des renseignements verbaux acceptés trop légèrement, je n’avais pas su d’abord me garantir.