Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/422

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candeur, et qu’elle s’alliait à la ferme volonté de reconnaître libéralement le mérite de chacun. Watt se complaisait même à doter l’esprit inventif de ses amis, de choses qui n’étaient souvent que ses propres idées présentées sous une autre forme. J’ai d’autant plus le droit, ajoute Robison, d’insister sur cette rare disposition d’esprit, que j’en ai personnellement éprouvé les effets. »

Vous aurez à décider, Messieurs, s’il n’était pas aussi honorable de prononcer ces dernières paroles, que de les avoir inspirées.

Les études si sérieuses, si variées dans lesquelles les circonstances de sa singulière position jetaient sans cesse le jeune artiste de Glasgow, ne nuisirent jamais aux travaux de l’atelier. Ceux-ci, il les exécutait de jour ; la nuit était consacrée aux recherches théoriques. Confiant dans les ressources de son imagination, Watt paraissait se complaire dans les entreprises difficiles, et auxquelles on devait le supposer le moins propre. Croira-t-on qu’il se chargea d’exécuter un orgue, lui totalement insensible au charme de la musique ; lui qui, même, n’était jamais parvenu à distinguer une note d’une autre : par exemple, l’ut du fa ? Cependant, ce travail fut mené à bon port. Il va sans dire que le nouvel instrument présentait des améliorations capitales dans sa partie mécanique, dans les régulateurs, dans la manière d’apprécier la force du vent ; mais on s’étonnera d’apprendre que ses qualités harmoniques n’étaient pas moins remarquables, et qu’elles charmèrent des musiciens de profession. Watt résolut une partie importante du problème ; il arriva au tempérament assigné par un homme de l’art à l’aide du phénomène