Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/493

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Les quatre prétendus éléments, le feu, l’air, l’eau et la terre, dont les combinaisons variées devaient donner naissance à tous les corps connus, sont un des nombreux legs de la philosophie brillante qui, pendant des siècles, a ébloui les plus nobles intelligences et les a égarées. Van Helmont, le premier, ébranla, mais légèrement, un des principes de cette ancienne théorie, en signalant à l’attention des chimistes plusieurs fluides élastiques permanents, plusieurs airs, qu’il appela des gaz, et dont les propriétés différaient de celles de l’air ordinaire, de celles de l’air élément. Les expériences de Boyle et de Hooke soulevèrent des difficultés plus graves encore : elles établirent que l’air commun, nécessaire à la respiration et à la combustion, subit dans ces deux phénomènes des changements notables, des changements de propriété, ce qui implique l’idée de composition. Les nombreuses observations de Hales ; les découvertes successives de l’acide carbonique par Black, de l’hydrogène par Cavendish ; de l’acide nitreux, de l’oxygène, de l’acide muriatique, de l’acide sulfureux et de l’ammoniaque par Priestley, reléguèrent définitivement l’antique idée d’un air unique et élémentaire, parmi les conceptions hasardées et presque constamment fausses qu’enfantent tous ceux qui ont l’audace de se croire appelés, non à découvrir, mais à deviner la marche de la nature.

Au milieu de tant de remarquables travaux, l’eau avait toujours conservé son caractère d’élément. L’année 1776 fut, enfin, signalée par une des observations qui devaient amener au renversement de cette croyance générale. On doit l’avouer, de la même année datent aussi les singu-