Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/557

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plus, les simples entretiens relatifs à la religion. Nous savons seulement qu’il professait des principes adoptés aujourd’hui par tous les esprits honnêtes et éclairés. « La tolérance universelle, » disait-il, lorsque, proscrit et errant sur une terre étrangère, il avait à repousser les traits acérés de la calomnie, « la tolérance universelle, voilà le dogme dont je fais hautement profession… J’abhorre le fanatisme, et je crois que le fanatisme de l’irréligion, mis à la mode par les Marat et les père Duchêne, est le plus funeste de tous. Il ne faut pas tuer les hommes pour les forcer à croire ; il ne faut pas les tuer pour les empêcher de croire ; compatissons aux faiblesses d’autrui, puisque chacun a les siennes, et laissons les préjugés s’user par le temps, quand on ne peut pas les guérir par la raison. »

Après la théologie, les études scientifiques, celles surtout de la géométrie et de l’algèbre, eurent leur tour, et comme à Nolay, comme à Autun, les succès furent rapides et éclatants. M. de Longpré, directeur de l’École préparatoire, connaissait d’Alembert. L’illustre géomètre ne dédaignait pas d’aller, parmi de très-jeunes écoliers, encourager de son suffrage le mérite naissant. Dans une de ses visites, il distingua particulièrement Carnot, et lui adressa de flatteuses, de prophétiques paroles, que notre confrère répétait avec émotion, même aux époques où la fortune l’avait rendu un des arbitres des destinées de l’Europe.

Ne serait-ce pas ici, Messieurs, le lieu de regretter que, dans notre société, telle qu’un demi-siècle de révolutions l’a faite, les relations personnelles qui s’établis-