Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/601

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de la guerre, à l’est, au nord et à l’ouest, comme s’il siégeait au milieu des combattants.

Ces créations en quelque sorte spontanées, ces directions patriotiques données à tant de nobles intelligences, cet art, aujourd’hui perdu, d’exciter le génie, de l’arracher à son indolence habituelle, occuperont toujours une large place dans les annales du comité de salut public et dans l’histoire de la vie de notre confrère. Sans sortir, toutefois, du sujet qui nous occupe, nous aurions encore bien d’autres services à enregistrer.

Carnot était du très-petit nombre d’hommes qui, en 1793, croyaient fermement que la république triompherait tôt ou tard de ses innombrables ennemis. Aussi, tout en donnant au présent la large part que les circonstances commandaient, son administration, l’œil sur l’avenir, dota-t-elle la France de plusieurs grandes institutions dont les heureux effets ne pouvaient se développer qu’avec lenteur.

Si le temps me le permettait, j’aurais à citer ici, parmi les grands établissements à la formation desquels Carnot contribua, la première École normale, l’École polytechnique, le Muséum d’histoire naturelle, le Conservatoire des arts et métiers ; et au nombre des travaux qu’il encouragea de son suffrage, la mesure de la terre, l’établissement du nouveau système des poids et mesures, les grandes, les incomparables tables du cadastre.

Ce sont d’assez beaux titres, Messieurs, pour une ère de destruction.

La Convention mit aux mains de Carnot la masse colossale mais incohérente de la réquisition. Il fallut