Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/606

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teau ; destitue solennellement, à la vue de toute l’armée, le général qui, en désobéissant à des ordres formels, s’était laissé vaincre ; s’empare d’un fusil de grenadier, et marche à la tête de la colonne en costume de représentant. Rien ne résiste plus alors à l’impétuosité de nos troupes ; les charges de la cavalerie autrichienne sont repoussées à la baïonnette ; tout ce qui s’engage dans les chemins creux dont Wattignies est entouré y trouve la mort. Carnot pénètre enfin dans ce village, la clef de la position de l’armée ennemie, à travers des monceaux de cadavres, et dès ce moment Maubeuge est débloqué.

On se demandera sans doute où Carnot avait puisé cette fermeté, cette vigueur, ce coup d’œil militaire, cette connaissance des troupes ? N’en cherchez la source que dans son ardent patriotisme. C’est à Wattignies que, pour la première fois, il entendit la fusillade et le canon ennemis. Mais je me trompe, Messieurs, c’est la seconde et non la première : la première fois, Carnot, marchant, comme à Wattignies, un mousquet à la main, emporta d’assaut, à la tête de soldats de nouvelle levée, la ville de Furnes, occupée par les Anglais.

La bataille de Wattignies, envisagée d’après ses résultats, occupera toujours une des premières places dans les fastes de la Révolution française. Je serais probablement moins affirmatif sur les difficultés de cette journée comparée à tant d’autres, si je ne pouvais m’autoriser de l’opinion du prince de Cobourg lui-même. Quand il vit les bataillons français s’ébranler, ce général chercha les termes les plus incisifs pour exprimer, en présence de son état-major, la confiance que lui inspiraient le nombre, l’ardeur de ses