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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/665

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dans le caractère de générosité dont vous êtes animés, que je donnasse des gratifications à mes compagnons de voyage et de fatigue ! » Veuillez vous rappeler, Messieurs, que le voyage, la représentation, les gratifications, s’étaient élevées, au total, à 13,320 francs ; n’oubliez pas que c’était un ministre inspectant des armées qui allaient décider du sort de la patrie qui parlait ainsi, et vous trouverez avec moi, je pense, que, si le monde se perfectionne, ce n’est certainement pas sous le rapport de l’économie.

La trésorerie ne savait comment porter en recette les 10,680 francs que lui restituait Carnot ; mais notre confrère n’en était pas à son coup d’essai : en remontant aux époques où il inspectait les armées républicaines comme représentant du peuple, les commis des finances trouvèrent dans leurs registres le protocole qu’ils cherchaient, et cela autant de fois que Carnot avait rempli de missions.

Le nom de Carnot se présenterait à ma pensée si, après tant d’exemples empruntés à l’histoire de tous les peuples, il restait encore à prouver qu’une âme ardente peut s’allier à des manières froides et réservées. Sans doute, personne n’eut jamais le droit de dire de lui, comme d’Alembert d’un des anciens secrétaires de notre Académie : C’est un volcan couvert de neige ; mais qu’il me soit du moins permis de montrer que les conceptions de notre confrère avaient souvent je ne sais quoi qui va droit au cœur, qui le touche, qui l’émeut, qui l’électrise : qu’elles étaient enfin frappées du cachet indéfinissable que ne portent jamais les œuvres des hommes sans entrailles, des hommes chez lesquels toutes les facultés se trouvent