Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 10.djvu/112

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sans parler des autres objections qu’on pourrait faire contre cette hypothèse, on voit qu’un pareil corps dépolariserait complétement les rayons lumineux qui le traverseraient, ce qui n’arrive pas. Du reste, pour faire cette expérience d’une manière décisive, il suffira d’éclairer le corps à l’aide d’un faisceau déjà polarisé. En me servant de rayons peu intenses j’ai aperçu les mêmes phénomènes qu’avec la lumière directe, mais je sens qu’il serait convenable d’employer un faisceau plus vif, et c’est pour cette raison que je n’entrerai aujourd’hui dans aucun détail sur la conséquence remarquable à laquelle cette expérience paraît conduire[1].

La dépolarisation des rayons, dans certaines circonstances, peut servir aussi à résoudre une question d’autant plus intéressante qu’elle tient de plus près à la théorie newtonienne. On sait, en effet, que, dans cette théorie, la lumière qui se réfléchit totalement à la surface inférieure d’un corps plus dense que le milieu environnant, sort du corps. Supposons maintenant qu’on mette en dessous de la surface réfléchissante un cristal doué de la double réfraction, et qu’on établisse leur contact parfait à l’aide d’un milieu plus réfringent que le cristal inférieur, à l’aide de quelques gouttes de baume de Tolu, par exemple ; si la lumière qu’on emploie n’est pas polarisée, elle se décomposera, à son entrée dans le cristal inférieur, en deux faisceaux polarisés en sens contraires, et qui donneront, par conséquent, deux images de même

  1. 1. Voir t. VII des Œuvres, t. IV des Notices scientifiques, p. 401 et 443, deux passages relatifs à la polarisation par réfraction de la lumière qui fait voir les corps.