Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 10.djvu/130

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riences, des masses de verre de Saint-Gobain qui non-seulement ont des axes, comme tous les cristaux doués de la double réfraction, mais qui, de plus, jouissent des mêmes propriétés que le mica, le sulfate de chaux, etc., puisqu’ils transforment un rayon polarisé ordinaire en un rayon à axes colorés.

J’ai déjà eu plusieurs fois, dans le cours de ce Mémoire, l’occasion de citer l’expérience[1] à l’aide de laquelle j’ai prouvé anciennement que les rayons lumineux qui forment les anneaux colorés transmis sont polarisés comme ceux qui produisent les bandes réfléchies. Cette expérience mérite d’autant plus d’être attentivement examinée qu’elle fait exception à une règle que Malus croyait être générale et d’après laquelle les rayons transmis sont polarisés toujours en sens contraire des rayons réfléchis. Il semble même qu’elle ne puisse être expliquée autrement qu’en disant que les rayons qui forment les anneaux étaient déjà polarisés avant de tomber sur les deux lentilles, comme les rayons qui se réfléchissent.

En général, ce phénomène des anneaux nous montre des rayons qui sont polarisés sans avoir été réfléchis ou sans avoir été soumis à l’action des forces qui leur impriment cette modification. J’ai été par suite curieux d’examiner s’il ne serait pas possible d’admettre que les rayons de lumière directe sont composés de plusieurs rayons polarisés. Or, l’ensemble de deux faisceaux également vifs et polarisés en sens contraires jouit par rapport à la double réfraction des mêmes propriétés que les

  1. 1. Voir p. 14 de ce volume.