Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 10.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

clinaison d’une des piles ne faisait jamais apparaître des bandes lorsque les plans d’incidence étaient rectangulaires.

Le jour même où nous avions essayé le système des deux piles, nous fîmes, d’après l’idée de M. Fresnel, une expérience, à la vérité moins directe que la précédente, mais aussi d’une exécution plus facile, et qui démontre également l’impossibilité de produire des franges par le croisement de rayons lumineux polarisés à angles droits.

On place devant la plaque de cuivre percée de ses deux fentes une lame peu épaisse de chaux sulfatée, par exemple puisque ce cristal a la double réfraction, il sort de chaque fente deux faisceaux polarisés en sens contraires ; or, si les rayons d’une espèce pouvaient agir sur les rayons de l’espèce opposée, on devrait voir avec cet appareil trois systèmes de franges distincts. Les rayons ordinaires de droite, combinés avec les rayons ordinaires de gauche, donneraient un premier système correspondant tout juste au milieu de l’intervalle compris entre les deux fentes ; les bandes formées par l’interférence des deux faisceaux extraordinaires occuperaient la même place que les précédentes, augmenteraient leur intensité, mais ne pourraient pas en être distinguées. Quant à celles qui résulteraient de l’action des rayons ordinaires de droite sur les rayons extraordinaires de gauche et réciproquement, elles se formeraient à droite et à gauche des franges centrales, et d’autant plus loin que la lame employée serait plus épaisse : car nous avons vu qu’une différence de vitesse fait tout aussi bien varier la position des franges qu’une différence de route. Or, puisque