Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 10.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

constance prouve qu’elles ne sont pas tout à fait en contact ; car dans ce cas des forces peu considérables ne pourraient probablement pas les séparer. Mais si l’intervalle de deux lames consécutives est du même ordre que celui dans lequel se forment les anneaux, pourquoi n’aperçoit-on pas la moindre trace de couleur dans la plupart des cristaux ? Cette question, dont on aurait pu faire une objection contre les conclusions générales que Newton avait déduites de ses expériences sur l’influence des épaisseurs, a été l’origine du second de mes Mémoires[1]. J’y ai décrit les moyens à l’aide desquels on aperçoit des couleurs et des anneaux distincts, même dans le cristal de roche dont les lames sont cependant tellement rapprochées, que les minéralogistes n’ont pu jusqu’à présent déterminer le sens de leur superposition. J’ai montré, en outre, qu’à l’aide du mica, du sulfate de chaux, du cristal de roche taillé dans certains sens, et même de quelques plaques de flint-glass, on peut donner aux rayons de lumière des propriétés permanentes qui les distinguent à la fois de la lumière directe et des rayons polarisés ordinaires. Je proposerai d’appeler ces nouveaux rayons, rayons à axes colorés, pour les distinguer de ceux qui n’ont été polarisés que par réflexion ou dans leur passage à travers un cristal doué de la double réfraction, que, par opposition, on pourrait appeler rayons à axes blancs.

La pile de glaces dont Malus s’est servi avec tant d’avantages dans l’examen des phénomènes de la polarisation de la lumière, jouit, comme on sait, de la pro-

  1. 1. Voir précédemment p. 36 à 74.