Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 12.djvu/10

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guerre de ricochets. Mes antagonistes, au surplus, ont trop compté sur les célèbres paroles de Basile. Plein de confiance dans le bon sens, dans la droiture du public, je dirai, moi, en les retournant : Calomniez, calomniez toujours, il n’en restera rien.

Je te le demande, ne commettrais-je pas une énorme faute si, en matière de science, je me reconnaissais justiciable du premier venu ; si je m’abaissais à examiner des sentences non motivées ? Le droit de discussion appartient à tout le monde. Au contraire, la prétention de prononcer magistralement sur la valeur, sur l’importance, sur l’originalité de travaux scientifiques, serait à peine tolérable chez les hommes privilégiés et toujours très-peu nombreux qui, comme toi, honorent leur siècle et leur pays. Aussi, lorsque le bruit public m’apprit qu’un article inqualifiable venait de paraître dans le journal la Presse, j’attendis que les démarches de mes amis m’en fissent connaître l’auteur. Ces démarches n’ayant amené aucun résultat certain, j’abandonnai la diatribe à l’appréciation des honnêtes gens, et je m’abstins de la lire. J’en dirai tout autant de la lettre insérée dans la Revue des deux Mondes. Malgré mes instantes prières, l’auteur qui l’a écrite a refusé obstinément de livrer son nom à la publicité. En vérité, quel cas pouvais-je faire d’une œuvre qu’on n’osait pas avouer ? Et le Journal des Débats ? va-t-on dire. Dans ce journal la critique marche tête levée et à découvert. La difficulté est peu embarrassante je tiens les articles des Débats pour complètement anonymes, quoiqu’ils portent, dit-on, la signature de M. Donné.