Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 12.djvu/600

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Descendons aux chiffres, examinons de quelle manière les droits politiques sont répartis dans la nation, et nous reconnaîtrons si le principe de la souveraineté nationale est un vain assemblage de paroles sonores, ou s’il est en action dans le pays.

La population de la France se compose de 34 millions d’âmes. Sur 34 millions d’âmes, il y a 17 millions d’hommes ; sur 17 millions d’hommes, d’après les tables de mortalité les plus exactes, il y a 8 millions d’hommes de vingt-cinq ans et au-dessus.

Vous savez pourquoi je prends la limite de vingt-cinq ans : elle est indiquée dans la Charte.

Combien avez-vous d’électeurs, sur 8 millions d’hommes de vingt-cinq ans et au-dessus ? À peu près 200,000. Il y a, par conséquent, un électeur sur quarante hommes ayant vingt-cinq ans et au-dessus.

Je soutiens, moi, que le principe de la souveraineté populaire n’est qu’un vain mot dans tout pays où, sur quarante hommes, on ne compte qu’un électeur.

Après la question du chiffre, examinons celle des contributions.

On compte 9 millions de cotes foncières, parmi lesquelles il y en a certainement 8 millions qui appartiennent à une classe de la population qui est privée du droit électoral.

J’ajoute que des contributions telles que les octrois, telles que la contribution sur le sel, telles que la loi du recrutement, qui est la contribution du sang, comme on l’a si justement appelée, pèsent presque exclusivement sur la classe de la population que la loi prive de toute