Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 12.djvu/708

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conceptions, et aussi, dans beaucoup de passages, par la force, l’élégance et la grâce de son style, ne savait ni grec ni latin.

Remarquez, Messieurs, il est bon que je le répète, que je ne prétends point que le latin et le grec ne forment pas le goût, ne sont pas un moyen de succès ; ma thèse se réduit à dire qu’ils ne sont pas indispensables.

On prétend, je cite toujours des opinions universitaires, qu’on ne sait jamais sa langue quand on n’a pas appris une langue étrangère.

Si l’assertion était vraie, je répondrais, quant à moi, que je ne proscris pas l’enseignement des langues étrangères ; que d’après mes idées, au contraire, on enseignerait les langues vivantes partout, qu’ici ce serait l’italien : là l’allemand ailleurs l’anglais, parce que je ne vois pas l’utilité de colléges communaux taillés exactement sur le même patron. Mais la proposition, vue en elle-même, me paraît très-contestable.

Qu’on me dise, en effet, quelle langue étrangère Homère, Euripide, Aristote, Platon, avaient apprise ; ils étaient devenus d’immortels écrivains en apprenant simplement le grec. Je ne suppose pas en vérité qu’on vienne parler d’égyptien, car toutes les merveilles qu’on ferait émaner de l’antique patrie des Pharaon sont singulièrement déchues depuis qu’on est parvenu à déchiffrer quelques hiéroglyphes.

Ne croyez pas que le latin suffise aux notabilités universitaires ! il leur faudra du grec, n’en fût-il pas au monde ! Écoutez, plutôt :

« Je ne puis comprendre un professeur de sixième,