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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 12.djvu/712

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Ce mode d’instruction a donné des fruits sans contredit ; mais pour savoir s’il faut respecter l’arbre, il faut en examiner tous les fruits. Or, vous verrez qu’à côté des bons fruits, il en est de mauvais et de médiocres ; vous trouverez que les deux dernières classes abondent, et qu’elles abondent nécessairement.

Cette méthode d’instruction qu’on veut maintenir dans les colléges du royaume avait été nécessaire, indispensable, à une époque où le but qu’on se proposait était de former des magistrats, des ecclésiastiques et des médecins, à une époque où notre littérature était insignifiante, à une époque ou tous les trésors de la littérature ancienne n’étaient pas traduits, n’avaient pas été transportés dans notre langue. Mais ce qui était bon à une époque peut n’être plus indispensable à l’époque actuelle.

« Mais, nous dit-on, vous nous proposez de substituer à une méthode d’instruction éprouvée une méthode dont il est impossible de prévoir les résultats. »

Remarquez que je ne propose rien, je demande qu’on laisse la liberté aux conseils municipaux ; que le conseil municipal de Bayonne, par exemple, examine si l’instruction de Bayonne doit être la même que celle du Havre. Et, dans tous les cas, il n’est pas vrai que le mode d’instruction que je présente n’ait pas été éprouvé, il est éprouvé tous tes jours. Voyez les pensions de demoiselles : croyez-vous qu’on sorte de ces pensions sans savoir le français ? On le sait très-bien, quelquefois mieux que quand on sort des cours de rhétorique des colléges royaux. Croyez-vous que, si nous voulons faire des catégories, donner des numéros aux poëtes qui sont l’honneur de