Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 12.djvu/738

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statistiques de toute nature qui journellement envahissent nos demeures. On a été jusqu’à soutenir que pas un député n’a eu jusqu’ici le temps et le courage de lire la totalité de ces imprimés : je me trompe, Messieurs, on a fait une exception, une seule, et c’est M. Salverte que le public a cité.

Il n’est personne qui, mettant de côté tout esprit de parti, ne se soit empressé de rendre hommage à la loyauté du député du 5e arrondissement de Paris. Peut-être n’a-t-on pas été aussi juste à d’autres égards. Ne vous étonnez donc pas que je regarde comme un devoir de repousser ici, en présence de cette tombe, les reproches d’ambition, d’étroitesse de vues en matières de finances, de froideur, qui ont été bien légèrement adressés à notre excellent ami.

L’ambitieux Salverte, puisque je suis condamné à rapprocher deux mots si peu faits pour se trouver ensemble ; l’ambitieux Salverte n’a même jamais accepté aucun de ces colifichets, qui, sous le nom de décorations, de croix, de cordons, sont si étrangement recherchés de toutes les classes de la société. L’ambitieux Salverte après les trois immortelles journées, refusa la place importante de directeur-général des postes. Plus tard, l’ambitieux Salverte répondit à l’offre d’un ministère par des conditions si nettes, si précises, si libérales qu’elles étaient dans sa pensée, et qu’elles furent, en effet, considérées comme l’équivalent d’un rejet formel.

Quand on se rappelle l’excessive facilité des votes législatifs en matière d’impôt, la réserve, la rigueur de Salverte, loin d’être un texte de reproche, me semble un