Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 13.djvu/210

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par l’effort de la main, le côté concave acquiert la structure d’une des deux classes de cristaux doués de la double réfraction, et le côté convexe acquiert la structure de l’autre classe : ces deux structures sont séparées par une ligne noire, c’est-à-dire où la double réfraction est nulle. »

« J’ai transcrit fidèlement les expressions de la lettre de M. Brewster, quoique je ne devine pas ce qu’il entend par double réfraction imparfaite. C’est incontestablement une chose très-curieuse que la chaleur, une pression mécanique, etc., donnant au verre ce genre de structure qui le rend propre à dépolariser diversement les rayons de différentes couleurs, et qui appartient, comme on le sait, aux cristaux doués de la double réfraction : mais de ce que deux corps ont l’un et l’autre une même propriété particulière, est-on en droit d’en conclure qu’une seconde propriété, qui pourrait bien ne pas dépendre de la première, doit également leur être commune ? Avant de dire que quelques diamants ont la double réfraction, ne faudrait-il pas avoir aperçu une double image en regardant au travers de leurs faces ? Dans l’état actuel de nos connaissances, il est évident que tout cristal doué de la double réfraction doit dépolariser la lumière qui le traverse, du moins dans certaines circonstances ; mais la proposition réciproque est loin d’être certaine. J’avais insisté sur cette distinction en 1811, dans le Mémoire où, pour la première fois, je décrivis les phénomènes de la dépolarisation que présentent le mica, le sulfate de chaux, le cristal de roche et même le verre[1]. Les expériences que M. Biot a faites depuis à l’aide de couches épaisses de certains liquides me semblent en démontrer la nécessité. M. Brewster avait récemment adopté cette manière de voir : j’ignore si de nouvelles expériences l’ont fait changer d’avis ; mais toujours est-il certain que dans les ouvrages anglais les plus récents (voyez a Journal of Science and the Arts, edited at the Royat Institution of great Britain, 1816, page 118) on présente de simples observations de dépolarisation de la lumière comme des preuves de l’existence de la double réfraction dans certains corps, tels que le muriate de soude, le fluate de chaux, l’alun et le diamant, à travers lesquels, du moins que je sache, on n’a jamais aperçu de double image.

« M. Brewster annonce qu’il a construit un dynamomètre chromatique qui mesure les forces par le développement des teintes, comme aussi un nouveau thermomètre et un hygromètre. Il ajoute

  1. Voir notamment pages 42, 50, 54, 64 du tome Ier des Mémoires scientifiques.