Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/125

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nouveaux appareils d’électron-magnétisme, éloignaient chez Ampère, jusqu’à la pensée d’abandonner la principale branche d’un modeste revenu. Aussi, tous les ans, au moment où les tournées étaient distribuées dans les bureaux universitaires, voyions-nous notre ami se soumettre avec résignation au métier de solliciteur ; et pour obtenir telle mission dont sa santé devait le moins souffrir, ou qui pouvait devenir l’occasion de quelques centaines de francs d’économie, perdre en démarches pénibles, humiliantes, souvent infructueuses, un temps très-précieux.

Il part enfin, et pendant trois ou quatre mois, l’auteur des subtiles théories électro-dynamiques, va, de département en département, de ville en ville, de collége en collége, s’escrimer contre de malheureux enfants. Ses journées se passent à les entendre décliner, conjuguer, expliquer quelques passages du De viris, des Métamorphoses ; ou bien à les tenir devant le tableau noir, tant redouté, où ils ânonnent les règles, assurément irréprochables, mais très-prosaïques, de la multiplication, de la division et de l’extraction des racines. L’heure du retour est malheureusement aussi celle de tribulations d’un autre genre, et non moins poignantes. Les cartons universitaires ont hâte d’enfouir dans leurs flancs la statistique détaillée des barbarismes, des solécismes, des fautes de calcul dont M. l’inspecteur général a dû tenir note. Leur gueule béante réclame aussi des bordereaux, offrant les comptes de literie, d’ameublement ou de cuisine de trente pensionnats. C’est en vain qu’on demandera de telles paperasses à notre ami, lui qui trouve à peine la