Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/151

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copie dans une lettre de Lagrange à d’Alembert : « Il me semble que la mine est déjà trop profonde, et qu’à moins qu’on ne découvre de nouveaux filons, il faudra tôt ou tard l’abandonner. La chimie et la physique offrent maintenant des richesses plus brillantes et d’une exploitation plus facile. Aussi le goût du siècle paraît-il entièrement tourné de ce côté-là. Il n’est pas impossible que les places de géométrie, dans les académies, deviennent un jour ce que sont actuellement les chaires d’arabe dans les universités. »



NOMINATION DE CONDORCET À L’ACADÉMIE DES SCIENCES. — SON VOYAGE À FERNEY. — SES RELATIONS AVEC VOLTAIRE.


J’apprends, par une lettre de d’Alembert à L’arrange, que Condorcet aurait pu entrer à l’Académie en 1768, à l’âge de vingt-cinq ans ; ses parents ne le voulurent point. Faire des sciences son occupation officielle, son occupation principale, c’était à leurs yeux déroger.

Condorcet fut reçu en 1769. Sa famille s’était rendue, plutôt par lassitude que par conviction ; car six ans après, Condorcet, déjà secrétaire perpétuel de l’Académie, écrivait à Turgot : « Soyez favorable à M. Thouvenel ; c’est le seul de mes parents qui me pardonne de ne pas être capitaine de cavalerie. »

Je dois ranger parmi les premiers travaux académiques de Condorcet, un Mémoire inédit sur la meilleure organisation des sociétés savantes. Ce travail était destiné au gouvernement espagnol. Dominé par le besoin de calmer les susceptibilités de la cour de Madrid, l’auteur a rétréci