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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/168

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La secte toujours si nombreuse et si active des envieux que la concorde importune, reçut un jour, par la bouche de Fontenelle, une leçon de bon sens, de sagesse, dont malheureusement elle a peu profité. La première édition du Siècle de Louis XIV venait de paraître. C’était une trop belle occasion d’irriter deux grands hommes l’un contre l’autre, pour qu’on négligeât d’en user. « Comment suis-je donc traité dans cet ouvrage ? demanda Fontenelle. — Voltaire, répondit-on, commence par déclarer que vous êtes le seul personnage vivant pour lequel il se soit écarté de la loi qu’il s’était faite de ne parler que des morts. — Je n’en veux pas savoir davantage, repartit le secrétaire de l’Académie. Quelque chose que Voltaire ait pu ajouter, je dois être content. »

Malgré quelques légères critiques, l’immortel auteur de l’Histoire naturelle, Buffon, n’aurait-il pas de même été content, s’il eût pu entendre ces magnifiques appréciations de son éloquence, sorties de la plume de Condorcet !

« Des traits qui semblent échapper à Buffon caractérisent la sensibilité et la fierté de son âme ; mais elle paraît toujours dominée par une raison supérieure ; on croit, pour ainsi dire, converser avec une pure intelligence, qui n’aurait de la sensibilité humaine que ce qu’il en faut pourse faire entendre de nous et intéresser notre faiblesse…
La postérité placera les ouvrages du grand naturaliste à côté des dialogues du disciple de Socrate et des entretiens du philosophe de Tusculum…

« M. de Buffon, plus varié, plus brillant, plus prodigue d’images que les deux grands naturalistes de la Grèce et