Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/263

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genre de compositions. Je regrette que nos anciens secrétaires n’aient pas suivi cette règle. En différant, d’année en année, d’analyser avec leur scrupule, avec leur talent habituel, la vie scientifique et politique de Bailly, ils laissaient à l’irréflexion, aux préjugés, aux passions de toute nature, le temps d’imprégner les esprits d’une multitude d’erreurs très-graves, qui ont considérablement ajouté à la difficulté de ma mission. Lorsque j’étais conduit à porter sur les événements de la grande révolution de 1789, auxquels notre confrère a pris une part active, des jugements différents de ceux qu’on trouve consignés dans des ouvrages célèbres, je ne pouvais avoir la prétention d’être cru sur parole. Exposer mes appréciations ne suffisait donc pas ; je devais aussi combattre celles des historiens avec qui je me trouvais en désaccord. Cette nécessité a donné à la biographie que je vais lire une étendue inusitée. Je sollicite à ce sujet la bienveillance de l’Assemblée. J’espère l’obtenir, je l’avoue, lorsque je songe que ma mission est d’analyser devant vous les titres scientifiques et littéraires d’un confrère illustre, de dépeindre la conduite toujours noble et patriotique du premier président de l’Assemblée nationale ; de suivre le premier maire de Paris dans tous les actes d’une administration dont les difficultés paraissaient au-dessus des forces humaines ; d’accompagner le vertueux magistrat jusque sur l’échafaud ; de dérouler les phases lugubres du cruel martyre qu’on lui fit subir ; de retracer, enfin, quelques uns des plus grands, des plus terribles événements de la révolution française.