Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/271

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numériques d’une minutie et d’une longueur repoussantes. Certaines observations qui ont été faites en moins d’une minute, exigent une journée de travail pour être comparées aux Tables.

Telle fut la perspective que Lacaille présenta sans ménagement à son jeune ami ; telle est la carrière dans laquelle le poëte adolescent se jeta avec une grande ardeur, et sans qu’aucune transition l’y eût préparé.

Un calcul utile, tel fut le premier titre de notre confrère à l’attention du monde savant.

L’année 1759 venait d’être signalée par un de ces grands événements dont l’histoire des sciences conserve religieusement le souvenir. Une comète, celle de 1682, était revenue à l’époque indiquée d’avance par Clairaut, et, à très-peu près, dans la région que l’analyse mathématique lui avait assignée. Cette réapparition rayait les comètes de la catégorie des météores sublunaires ; elle leur donnait définitivement pour orbites des courbes fermées, au lieu de paraboles ou même de simples lignes droites ; l’attraction les englobait dans son immense domaine ; enfin, ces astres cessaient à jamais de pouvoir être envisagés, par la superstition, comme des pronostics.

La rigueur, la force de ces conséquences, devaient naturellement s’accroître à mesure que la ressemblance entre l’orbite annoncée et l’orbite réelle deviendrait plus intime.

Tel fut le motif qui décida tant d’astronomes à calculer minutieusement l’orbite de la comète, d’après les observations faites en 1759 dans toute l’Europe. Bailly fut un de ces calculateurs zélés. Aujourd’hui un pareil travail mériterait à peine une mention particulière ; mais on doit