Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/278

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à proposer l’éloge des rois eux-mêmes ; elle entra dans cette nouvelle voie au commencement de 1767, en demandant l’Éloge de Charles V.

Bailly concourut. Sa pièce obtint seulement une mention honorable.

Rien n’est plus instructif que de rechercher à quelle époque naquirent, et comment se développèrent les principes, les opinions des personnages qui ont joué un rôle important sur la scène politique. Par une bien regrettable fatalité, les éléments de ces investigations sont d’ordinaire peu nombreux et infidèles. Nous n’aurons pas à exprimer ces regrets à l’égard de Bailly. Chaque composition nous présentera l’âme sereine, candide, vertueuse de l’illustre écrivain, sous un jour vrai et nouveau. L’Éloge de Charles V, point de départ d’une longue série d’ouvrages, doit nous arrêter quelques instants.

Les pièces couronnées par l’Académie française n’arrivaient jadis au public qu’après avoir été soumises à la censure sévère de quatre docteurs en théologie. Une approbation spéciale et réfléchie des hauts dignitaires de l’Église, que l’illustre Assemblée compta toujours parmi ses membres, ne dispensait pas de l’humiliante formalité. Si nous sommes certains de connaître l’Éloge de Charles V, tel qu’il sortit de la plume de son auteur ; si nous n’avons pas à craindre que les pensées aient subi quelque mutilation, nous en sommes redevables au peu de faveur qu’eut le discours de Bailly dans le concours académique de 1767. Ces pensées, au reste, auraient défié l’esprit le plus méticuleux, la susceptibilité la plus ombrageuse. Le panégyriste déroule avec émotion les affreux malheurs qui