Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/282

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de son protecteur, composait et publiait rapidement les Éloges des premiers fondateurs de l’Académie, les Éloges de Huygens, de Mariotte, de Roëmer, etc.

Au commencement de 1773, le secrétaire perpétuel, Grandjean de Fouchy, demanda Condorcet comme son suppléant en survivance. D’Alembert appuya fortement cette candidature. Buffon soutint Bailly avec non moins de vivacité. L’Académie offrit, pendant quelques semaines l’aspect de deux camps ennemis. Il y eut enfin une véritable bataille électorale fort disputée ; le résultat fut la nomination de Condorcet.

Je regretterais que nous dussions juger des sentiments de Bailly, après cette défaite, par ceux de ses adhérents. Leur colère s’exhala en termes d’une âpreté impardonnable. D’Alembert, disaient-ils, avait « lâchement trahi l’amitié, l’honneur, les premiers principes de la probité. »

On faisait ainsi allusion à une promesse de protection, d’appui, de concours, remontant à dix années. Cette promesse avait-elle été absolue ? En s’engageant vis-à-vis de Bailly pour une place qui pouvait ne devenir vacante qu’après un intervalle de douze à quinze années, d’Alembert avait-il, manquant à son devoir d’académicien, déclaré d’avance que toute autre candidature, quel qu’en pût être l’éclat, serait pour lui comme non avenue ?

Voilà ce qu’il aurait fallu éclaircir avant de se livrer à des imputations violentes et odieuses.

N’était-il pas tout naturel que le géomètre d’Alembert, ayant à se prononcer entre deux savants honorables, accordât la préférence au candidat qui lui semblait représenter le mieux les hautes mathématiques ? Les éloges de