Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/289

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marque qu’il ne lui était pas moins nécessaire de découvrir des méthodes propres à mesurer de très-longs intervalles de temps jusqu’à la précision des dixièmes de seconde ; de combattre les plus microscopiques effets que des variations continuelles de température produisent sur les métaux, et, dès lors, sur tous les instruments ; de se garantir des illusions sans nombre que sème sur sa route l’atmosphère froide ou chaude, sèche ou humide, tranquille ou agitée, à travers laquelle se font inévitablement les observations ; l’être débile reprend tous ses avantages : à côté de ces œuvres merveilleuses de l’esprit, qu’importent la faiblesse, la fragilité de notre corps ; qu’importent les dimensions de la planète, notre demeure, du grain de sable sur lequel il nous est échu d’apparaître quelques instants !

Ces mille et mille questions, sur lesquelles l’astronomie a répandu ses éblouissantes clartés, appartiennent à deux catégories entièrement distinctes : les unes s’offraient naturellement à la pensée, et l’homme n’a eu qu’à chercher les moyens de les résoudre ; les autres, suivant la belle expression de Pline, étaient enveloppées dans la majesté de la nature. Quand Bailly pose dans son livre ces deux genres de problèmes, c’est avec la sûreté, la profondeur d’un astronome consommé ; quand il en fait ressortir l’importance, l’immensité, c’est toujours avec le talent d’un écrivain du premier ordre ; c’est quelquefois avec une éloquence entraînante. Si, dans le bel ouvrage de notre confrère, l’astronomie assigne inévitablement à l’homme une place imperceptible dans le monde matériel, elle lui décerne, d’autre part, une place immense