Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/331

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possible de composer des ouvrages d’érudition tels que l’Histoire de l’astronomie, tels que les Lettres sur l’Atlantide, sans recourir aux textes originaux, en se servant exclusivement de traductions, vous n’auriez plus conservé la moindre importance dans le monde littéraire. Comment ne faisiez-vous pas la remarque que dépouiller Bailly, très-arbitrairement au reste, de la connaissance du latin, c’était démontrer l’inutilité de l’étude de cette langue pour devenir à la fois un des premiers écrivains et un des plus illustres savants de son époque ?

L’Académie des inscriptions et belles-lettres, bien loin de partager les rancunes puériles, les préjugés aveugles de quelques enfants perdus de l’érudition, appela Bailly dans son sein en 1785. Jusqu’alors, le seul Fontenelle avait eu l’honneur d’appartenir aux trois grandes Académies de France. Bailly se montra toujours très-glorieux d’une distinction qui associait son nom, d’une manière exceptionnelle, à celui de l’illustre écrivain dont les Éloges contribuèrent si puissamment à faire connaître, à faire respecter la science et les savants.

Indépendamment de cette considération toute spéciale, Bailly, membre de l’Académie française, devait d’autant mieux apprécier les suffrages de l’Académie des inscriptions, qu’il existait alors entre ces deux compagnies illustres un vif et inexplicable sentiment de rivalité. Les choses en étaient même venues à ce point, qu’en vertu de la délibération la plus solennelle de l’Académie des inscriptions, un de ses membres aurait cessé de lui appartenir, aurait été irrévocablement démissionnaire, s’il avait seulement tenté de se faire recevoir à l’Acadé-