Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/358

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L’antithèse : « il avait reconquis son peuple, ici le peuple a reconquis son roi, » fut universellement applaudie. Depuis, elle a été critiquée avec amertume, avec violence. Les ennemis de la Révolution se sont attachés à y découvrir une intention d’outrage, que démentaient le caractère de Bailly, et plus encore, dès le premier coup d’œil, l’examen des autres parties de son discours. Je l’avouerai, Messieurs, je crois même avoir le droit de ne pas accepter la qualification de malheureuse, qu’un de nos plus respectables confrères de l’Académie française vient d’infliger à la phrase célèbre, tout en rendant une pleine justice aux sentiments de l’orateur. Le venin renfermé dans les quelques paroles que j’ai rapportées était bien inoffensif, puisqu’il s’écoula plus d’une année, sans qu’aucun courtisan, armé, en guise de microscope, de toutes ses susceptibilités monarchiques, commençât à en soupçonner l’existence.

Le maire de Paris se retrouvait, à l’Hôtel de Ville, au milieu de cette même bourgeoisie parisienne qui lui inspirait, quelques mois auparavant, la réflexion chagrine déjà citée : « Je remarquai dans l’assemblée des électeurs une grande défaveur pour les gens de lettres et pour les académiciens. » Les dispositions ne paraissaient pas changées.

Le mouvement politique de 1789 avait été précédé, dans l’ordre physique, par deux perturbations très-graves qui eurent beaucoup d’influence sur la marche des événements. Personne n’ignore que l’hiver excessivement rigoureux de 1788 à 1789 fut, pour le peuple, la cause de cruelles souffrances. Peut-être ne sait-on pas aussi