Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/374

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un tribunal. Comme il s’avançait vers l’autel, suivant le mode accoutumé, les juges, d’une commune voix, l’arrêtèrent : « Ces formalités, dirent-ils, ne sont pas faites pour vous ; un serment n’ajouterait rien à l’autorité de vos paroles. » Tel, Bailly se présente au lecteur des Mémoires posthumes. Aucune de ses assertions ne laisse prise à l’indécision ou au doute. Il n’a pas besoin, pour convaincre, de grands mots et de protestations ; le serment lui-même n’ajouterait rien à l’autorité de ses paroles. Il peut se tromper ; jamais il n’est trompeur.

Je n’épargnerai aucun effort pour donner au tableau de la dernière partie de la vie de Bailly toute l’exactitude qui peut résulter d’une comparaison sincère, consciencieuse, des écrits que les partisans et les ennemis de notre grande révolution ont publiés. Tel est cependant mon désir de ne point laisser confondre deux phases, à mes yeux bien distinctes, que je ferai ici une pause pour jeter sur les actes, et sur diverses publications de notre confrère, un coup d’œil scrupuleux. J’aurai d’ailleurs ainsi une occasion naturelle de combler d’importantes lacunes.

Je lis dans un article biographique, d’ailleurs très bienveillant, que Bailly fut nommé le jour même, et après l’assassinat de M. de Flesselles ; et en faisant ce rapprochement, on avait voulu insinuer que le premier maire de Paris reçut cette haute dignité de la main sanglante d’une horde de misérables. Le savant biographe, malgré son bon vouloir, a mal repoussé la calomnie. Avec un peu plus d’attention, il aurait mieux réussi. Une simple comparaison de chiffres suffisait. La mort de M. de Flesselles