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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/377

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Foulon, de Berthier ! En me reportant par la pensée au mois de juillet 1789, j’aperçois dans l’imprudente apostrophe de l’éloquent tribun plus de sanglants désordres que l’histoire contemporaine n’a dû en enregistrer.

Un des membres les plus honorables, les plus respectables et les plus respectés de l’Institut, ayant été amené, dans un ouvrage récent, à raconter l’assassinat de Foulon, a porté sur la conduite de Bailly, dans cette cruelle circonstance, un jugement que j’ai lu avec surprise et douleur. Foulon était détenu à l’Hôtel de Ville. Bailly descendit sur la place et parvint un moment à calmer la multitude. « Je n’imaginais pas, dit le maire dans ses Mémoires, qu’on pût forcer l’Hôtel de Ville, poste bien gardé et objet de respect pour tous les citoyens. Je jugeai donc le prisonnier parfaitement en sûreté ; je ne doutais pas que les flots de cette tempête ne finissent par se calmer, et je partis. »

L’honorable auteur de l’histoire du règne de Louis XVI oppose à ce passage les paroles suivantes tirées des procès-verbaux de l’Hôtel de Ville : « Les électeurs (ceux qui avaient accompagné Bailly sur la place) ont rapporté dans la salle la certitude que le calme serait de peu de durée. » Le nouvel historien ajoute : « Comment le maire se fit-il seul illusion ? Il est trop évident que, dans une telle journée, on ne pouvait être assez certain de la tranquillité publique pour que le premier magistrat de la ville s’absentât sans mériter le reproche de faiblesse. » Le reste du passage montre avec trop d’évidence que, dans l’esprit de l’auteur, faiblesse était ici synonyme de lâcheté.

C’est contre cela, Messieurs, que je proteste de toute la