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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/383

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constamment annoncé que non-seulement il n’y aurait point de tolérance, mais qu’il y aurait recherches et poursuites. »

Si j’ajoute que les spectacles de combats d’animaux, dans lesquels la multitude ne peut manquer de prendre des habitudes féroces et sanguinaires, furent supprimés par Bailly, j’aurai le droit de demander à maint écrivain superficiel comment il justifierait l’épithète de stérile, appliquée avec tant d’assurance à l’administration de notre vertueux confrère.

Jaloux de porter dans le monde des faits ce que les déclarations des droits avaient largement reconnu en théorie, la séparation complète de la religion et de la loi civile, Bailly se présenta, le 14 mai 1791, devant l’Assemblée nationale, et demanda, au nom de la ville de Paris, l’abolition d’un ordre de choses qui, dans la disposition des esprits, donnait lieu à de graves abus. Si aujourd’hui les déclarations de naissance, de mariage et de mort sont reçues, par les officiers civils, dans une forme conciliable avec toutes les opinions religieuses, le pays en est principalement redevable à l’intelligente fermeté de Bailly.

Les malheureux sur lesquels tout homme public doit, de préférence, porter sa sollicitude, sont les prévenus qui attendent sous les verrous les arrêts de la justice. Bailly n’eut garde d’oublier un pareil devoir. À la fin de 1790, les anciens tribunaux n’avaient aucune force morale ; ils ne pouvaient plus fonctionner ; les nouveaux n’étaient pas encore créés. Cet état de choses déchirait l’âme de notre confrère. Le 18 novembre, il exhalait sa douleur devant