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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/443

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pas tellement absorbé par les études littéraires, qu’il ne trouvât l’occasion de faire des excursions dans le domaine des sciences et des arts. À quatorze ans, l’élève rhétoricien exécuta une pompe à incendie dont les effets frappèrent d’admiration les personnes les plus instruites, « Comment, lui demandait-on, avez-vous pu, sans guide et sans modèle, mener à bonne fin une pareille entreprise ? — J’avais, répondit-il, deux moyens de succès infaillibles : une invincible ténacité, et des doigts qui traduisaient ma pensée avec une fidélité géométrique. »

La ténacité dans l’esprit, des doigts exercés et dociles, ne furent pas moins nécessaires au jeune Monge le jour où il entreprit de faire le plan détaillé de sa ville natale. Le géomètre improvisé eut à inventer les méthodes d’observation, à construire les instruments propres à mesurer les angles, à exécuter le tracé graphique. Une réduction gravée de ce travail orne un petit ouvrage historique de l’abbé Gandelot. L’original est conservé dans la bibliothèque de Beaune. Les chefs de cet établissement ne réussissent pas toujours à convaincre les voyageurs, quand ils leur présentent ce plan célèbre comme le coup d’essai d’un enfant de seize ans, même après avoir ajouté que cet enfant fut, plus tard, l’illustre créateur de la géométrie descriptive.

Les oratoriens de Lyon voulurent juger par eux-mêmes du mérite de l’écolier dont leurs collègues de Beaune parlaient toujours avec de pompeux éloges ; ils l’appelèrent dans leur établissement et lui confièrent d’emblée la chaire de physique.

Le professeur de physique du célèbre collége de l’Ora-