Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/445

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sûr, à la raison élevée, dont Monge ne parla jamais qu’avec une vénération profonde ; au rémouleur auquel il se plaisait à faire remonter tout ce qui lui était arrivé d’heureux durant sa longue carrière.

Un officier supérieur du génie auquel on montrait, à Beaune, le plan manuscrit de la ville, devina, du premier coup d’œil, que le pays tirerait un jour grand profit des travaux d’un enfant dont les premiers essais étaient si brillants, et il offrit à Jacques Monge de faire entrer son fils à l’école de Mézières. La proposition fut agréée, et le jeune Gaspard se mit en route, le cœur plein d’espérance. Hélas ! combien de déceptions ne devait-il pas éprouver !

L’école de Mézières jouissait d’une grande réputation, due en partie au profond mystère dont elle s’enveloppait. Les élèves, au nombre de vingt, se renouvelaient tous les ans par moitié. Les dix élèves sortants allaient, avec le titre de lieutenant du génie, présider aux travaux de fortifications dans les nombreuses places de guerre qui formaient alors une barrière presque continue sur nos frontières de terre et de mer. On ne tarda pas à remarquer que la bonne exécution de ces dispendieux travaux dépendait au moins tout autant de la capacité des surveillants que du mérite des chefs. De ce moment, l’école de Mézières créa auprès d’elle une succursale destinée à former des appareilleurs, des conducteurs ; pour tout dire, en un mot, des praticiens.

Les élèves de cette succursale apprenaient les principes élémentaires du calcul algébrique et de la géométrie, le dessin graphique, les traits de la coupe des