Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/496

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désignèrent pour une des cinq places de directeur de la république, ou, comme disaient les adversaires du gouvernement d’alors, pour un des cinq rois de France. En présence d’un pareil hommage, ne serait-il pas insensé de s’arrêter à des inculpations anonymes et sans aucune apparence de fondement ?

Monge réunissait en lui deux choses qui semblent s’exclure mutuellement : la fougue et la douceur. Telle est l’origine des jugements si divers qu’on a portés sur son caractère politique.



ÉCOLE NORMALE.


Peu de temps après le 9 thermidor, la Convention sentit le besoin de réorganiser l’instruction publique. Les professeurs manquaient dans tous les départements ; elle décida qu’il en serait créé dans le moindre délai possible, et les écoles normales naquirent. J’ai raconté ailleurs en détail les services rendus par l’établissement sans modèle, où il fut permis à Monge de professer publiquement, pour la première fois, la géométrie descriptive. Ses leçons orales, recueillies par des sténographes, forment la partie principale de l’ouvrage dont on est redevable à notre confrère. Cet ouvrage s’est répandu depuis avec un grand avantage dans toutes nos écoles, dans les usines, dans les manufactures, dans les plus humbles ateliers, où il sert de guide sur et invariable à l’art des constructions. Je dirai, comme dans la biographie de Fourier : les écoles normales périrent de froid, de misère et de faim, et non pas à cause de quelques