Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/531

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bords du Tibre ; désire-t-on des noms qui rappellent les institutions de l’ancienne république romaine ; sur-le-champ le directoire devient le consulat, les deux branches du corps législatif s’appellent le tribunat et le sénat.

Les commissaires du Directoire ne se montrèrent inflexibles que sur un seul point : ils exigèrent que Capitolio fût substitué à Campi d’Oglio. Le mot Capitole a de tout temps si magnifiquement résonné en France aux oreilles de la jeunesse ; il est en quelque sorte une partie tellement intégrante de notre littérature, de la littérature dramatique surtout, qu’on ne pouvait vraiment souscrire à la pensée de le remplacer. Bien des années se seraient écoulées avant qu’un professeur, sans exciter le sourire de ses élèves, eût pu faire dire à Scipion, parlant à ses accusateurs : « Montons au champ de l’huile, et rendons grâces aux dieux ! »

Je n’accorde pas, quoi qu’on en ait pu dire, que nos deux confrères commirent la faute impardonnable de donner peu d’attention à la désignation des chefs du nouveau gouvernement romain. Ils n’eurent garde d’oublier que la machine politique, même la plus parfaite, exige des mains savantes, fermes et exercées, pour présider à ses mouvements.

Examinez plutôt : Rome possédait alors un homme dont les premiers pas dans la carrière de l’étude avaient excité l’étonnement de l’Europe. À deux ans, il reconnaissait sur les médailles les effigies de tous les empereurs, depuis César jusqu’à Gallien ; à trois ans et demi, il lisait tout aussi facilement le grec que le latin ; à dix