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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/546

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de Cnide. Les annales de la géodésie française offriraient peut-être des triangles plus irréprochables, au point de vue géométrique, que ceux dont nos jeunes compatriotes couvrirent le sol de l’empire des Pharaons ; mais il n’en existe certainement nulle part qui s’appuient sur des monuments plus célèbres ou plus capables de réveiller de grands souvenirs.

Il m’est rarement arrivé, dans le cours de cette biographie, d’écrire le nom de Monge sans avoir été amené à y joindre celui de Berthollet. Désormais ces noms seront invariablement unis ; désormais Monge-Berthollet semblera ne désigner qu’une seule personne, et le général en chef apprendra aux deux amis inséparables que des soldats se sont battus en duel, les uns (ceux-là avaient vu Berthollet), pour avoir prétendu que Monge Berthollet avait des cheveux blonds et flottants, tandis que les autres fils ne connaissaient que Monge) soutenaient avec non moins d’assurance que Monge-Berthollet était d’un teint très-brun et portait une longue queue.

La liaison de Monge et de Berthollet commença en 1780, année de l’admission des deux savants à l’Académie. Si l’on avait demandé au géomètre pourquoi il aimait le chimiste, sa réponse eût été celle de Montaigne parlant de la Boëtie : « Parce que c’était lui, parce que c’était moi… Nous nous cherchions avant de nous être vus, et par les rapports que nous oyions l’un de l’autre… Nous nous embrassions par nos noms. »

Poussée plus loin, la citation des Essais n’offrirait plus rien d’applicable aux relations de nos deux confrères. Il ne fut donné à Montaigne de jouir de la douce compa-