Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/647

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servateurs modernes, qui même en déterminèrent expérimentalement les lois générales. Clairaut fut le premier à essayer d’expliquer la dénivellation capillaire à l’aide des formules générales de l’équilibre ; mais il échoua dans sa tentative. Laplace fut plus heureux et représenta par ses formules théoriques, et jusqu’aux centièmes de millimètres, les ascensions du liquide dans les tubes de diverses dimensions. Le travail de Laplace excita l’admiration du monde savant, et fut regardé comme marchant de pair avec ses plus heureuses conceptions sur le système du monde.

Poisson n’en jugea pas ainsi, et, après la mort de l’illustre auteur de la Mécanique céleste, il publia, sous le nom de Théorie de la capillarité, un ouvrage tellement différent, dans ses principes constitutifs, de celui de Laplace, qu’on y trouve l’équivalent de cet énoncé : « Les liquides n’ont pas la même densité à toutes les profondeurs à partir de la surface. ; ils n’ont pas la même densité non plus à toutes les distances de la paroi solide du tube qui les renferme. » Ces variations de densité, dont Laplace n’a pas tenu compte, sont la vraie, l’unique cause, des changements de niveau occasionnés par les tubes capillaires plongeant dans les liquides.

On se demandera comment il est possible que Laplace soit parvenu à représenter, en nombres, les phénomènes de l’ascension capillaire, en négligeant dans son calcul la vraie, l’unique cause de ces phénomènes. Je l’avouerai, il y a là un grand scandale mathématique que doivent s’empresser de faire disparaître ceux qui ont le loisir et le talent nécessaires pour prononcer entre d’aussi grands