Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/657

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Meaux, si, de son temps, on eût su que les montagnes des Alpes, des Cordillères, de l’Himalaya, dont les cimes neigeuses semblent menacer le ciel, que les fleuves majestueux qui s’échappent de leurs glaciers et roulent jusqu’à l’Océan leurs flots impétueux, que ces contrées, tantôt couvertes d’une végétation luxuriante, et tantôt d’âpres frimas, que ces continents, dont les hommes se disputent les lambeaux comme des bêtes fauves, n’étaient que des accidents microscopiques sur la mince scorie qui recouvre la masse incandescente de notre globe.

L’hypothèse de Fourier d’une chaleur d’origine a été généralement adoptée par les géomètres et par les physiciens. Poisson ne s’en est pas montré satisfait. Il voit une difficulté dans la température excessive qu’aurait le centre de la terre, température qui, à raison d’un trentième de degré d’accroissement par mètre de profondeur, nombre donné par les observations faites près de la surface, surpasserait deux millions de degrés. Les matières soumises à cette température seraient, suivant notre confrère, à l’état de gaz incandescent. Il en résulterait une force élastique, à laquelle la croûte solidifiée du globe ne pourrait pas résister. Poisson, en s’appuyant sur l’aplatissement des planètes dans le sens de leurs axes de rotation, croit, avec tous les géomètres, qu’elles ont été originairement fluides ; mais il lui paraît vraisemblable que leur solidification a commencé par le centre, et non par la surface, et il trouve là une autre difficulté contre les conceptions de Mairan, de Buffon et de Fourier.

Pour expliquer les températures croissantes avec la profondeur que donnent les observations des sources arté-