Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/671

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sa chambre, où ils recevaient de lumineuses répétitions des leçons de M. Billy. À peine entré à l’École polytechnique, il fut, comme on a vu plus haut, investi des fonctions de répétiteur, et s’en acquitta con amore, ainsi que disent nos voisins d’au delà des Alpes. Son zèle ne fit que s’accroître, lorsque, après la retraite de Fourier, il devint professeur titulaire d’analyse.

Nommé, enfin, en 1809, professeur de mécanique rationnelle à la Faculté de Paris, il y a répandu les trésors de sa science pendant trente et une années consécutives.

La qualité principale de Poisson, comme professeur, était une incomparable clarté. Peut-être, en cherchant bien, eût-on trouvé, parmi les prédécesseurs ou les contemporains de notre confrère, des professeurs à l’élocution plus facile, à la phrase plus étudiée, plus élégante, mais on n’en citerait certainement pas dont l’enseignement fut plus profitable à son auditoire. En sortant d’une leçon du célèbre académicien, chaque élève était maître de la matière qui y avait été traitée. Est-il beaucoup de professeurs qui pourraient se flatter d’un pareil succès ?

Poisson avait un genre de mérite dont se dispensent trop souvent ceux-là même qui ne pourraient invoquer pour excuse le rang qu’ils occupent dans la science : l’exactitude. Jamais il ne manqua une leçon, à moins d’être retenu au lit par la maladie ; jamais, tant que sa voix put se faire entendre, il ne confia à un suppléant, j’allais dire à une doublure, la satisfaction d’initier aux mystères de la science la jeunesse studieuse. On pourrait vraiment, en y changeant un seul mot, appliquer à notre