Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/673

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Après la mort de Siméon Poisson, notre confrère reporta toutes ses affections sur sa respectable mère. Il lui écrivait avec une grande régularité. La pauvre femme ne se mettait guère en frais de rédaction dans ses réponses. Ses lettres étaient les copies de celles de son fils, avec un simple changement dans les pronoms. Si Poisson avait écrit « je prépare un Mémoire d’astronomie ; je m’occuperai ensuite de la seconde édition de ma Mécanique, etc., » on était certain de trouver dans la réponse datée de Pithiviers : « Tu prépares un Mémoire d’astronomie ; tu t’occuperas ensuite de la seconde édition de ta Mécanique, etc. » Dans ces habitudes maternelles, dont Poisson ne faisait pas mystère à ses amis, j’ai trouvé, quant à moi, l’empreinte naïve de l’admiration profonde que la mère professait pour son fils adoré. Elle faisait (la sincérité des sentiments mise à part), elle faisait comme les rédacteurs des réponses des Chambres constitutionnelles aux discours du trône. Je me trompe : les lettres de madame Poisson renfermaient invariablement quelques paroles puisées dans le fond de son âme ; l’expression « tu te portes bien » était suivie de « Dieu soit loué ! » L’indication des travaux entrepris ou projetés de ces cinq mots : « Dieu te soit en aide ! »

Poisson appartenait comme associé, membre ou correspondant, à toutes les grandes académies de l’Europe et de l’Amérique. Il était de petite taille, il avait des traits réguliers, un front large, une tête d’une dimension peu ordinaire. Il avait épousé, en 1817, mademoiselle Nancy de Bardi, orpheline, née en Angleterre de parents français émigrés. Cette union fut heureuse. Poisson a eu