Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/105

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si importante en pareille matière, par d’anciens élèves de notre École polytechnique, et, il faut le dire, à l’aide des moyens souvent imparfaits qu’offraient nos arsenaux.

Malgré les sérieuses études faites par l’immortel Vauban, la démolition des remparts d’une ville par l’assiégeant avait exigé jusqu’ici un nombre prodigieux de coups de canon. Le général de division Piobert, que nous venons de citer, conçut théoriquement la pensée qu’on pourrait beaucoup réduire le nombre de coups nécessaire pour atteindre le but, et même pour rendre la brèche praticable, en dirigeant les projectiles, non plus au hasard comme on le faisait jadis, mais en suivant les côtés de parallélogrammes de dimensions déterminées. Des expériences, exécutées à Bapaume, ont montré la complète efficacité de l’idée de l’ancien élève de l’École polytechnique.

Le tir des armes à balles forcées a acquis, de nos jours, une justesse inespérée. Un célèbre général d’artillerie, devenu maréchal de France, me disait à son retour d’Alger :

« Le rôle de l’artillerie dans les batailles me paraît fini, si l’on ne parvient pas à perfectionner le tir du canon, comme on a fait de celui de la carabine ; avant que les canonniers soient arrivés à la distance où ils peuvent se mettre utilement en batterie, ils seront tous atteints par les coups de la carabine meurtrière. »

Le perfectionnement que le maréchal Valée regardait presque comme impossible est sur le point d’être réalisé, grâce à l’ingénieux procédé mis en pratique par M. Tamisier (1828). Le boulet ira désormais frapper aussi