Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/186

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visa à cet acte d’intolérance. Aussi a-t-on peine à s’expliquer la conduite que tint le clergé de Varsovie le 5 mai 1829, jour fixé pour l’inauguration de la statue de Copernic, exécutée par Thorwaldeen.

Voici comment s’explique, à ce sujet, un écrivain très-religieux, M. Czinski, compatriote de Copernic :

« La rue principale par laquelle devait passer la Société des Amis des sciences, ainsi que la place qu’occupait le monument, étaient encombrées par la foule. Hommes, femmes, vieillards, enfants, riches et pauvres, se pressaient avec une égale ardeur pour manifester leur joie et s’associer à la cérémonie, tribut payé au génie. Les fenêtres étaient garnies de spectateurs et de guirlandes de fleurs. Varsovie tout entière, augmentée par la population des environs, était debout. La musique, les chants et les hymnes retentissaient. Le cortége de la Société se dirige vers l’église de Sainte-Croix, temple vaste et majestueux qui élève ses tours gothiques au-dessus de la capitale. L’église est remplie de monde, mais l’autel est désert. L’heure se passe, et pas un prêtre ne paraît pour célébrer le service divin. Bientôt on apprit que des ecclésiastiques ignorants ne voulaient pas faire de prières pour un homme qui a publié une œuvre condamnée par la Congrégation de l’index. La foule consternée abandonna l’église. »

L’acte du clergé de Varsovie, accompli en plein xixe siècle, que nous venons de rapporter, ne pourra manquer d’éveiller les plus pénibles sentiments dans tous les cœurs honnêtes. Il est des hommes qui semblent prendre à tache de marcher toujours à la remorque de leur siècle, et de