Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/283

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d’analyser, le 27 septembre 1631, le frère Fulgence Micanzio écrivait que Galilée vit à Venise les taches du Soleil, en se servant de sa première lunette, et qu’il les montra au padre Maestro Paolo (Sarpi) sur un carton blanc. D’après cette déclaration tardive, la découverte remonterait au mois d’août 1610.

Malgré toute ma déférence pour le théologien de la sérénissime république, je dois présenter ici quelques difficultés.

L’observation de Venise, dit le frère Fulgence, fut faite en jetant l’image solaire sur un carton. Si par l’image solaire il faut entendre celle que donnait l’objectif tout seul, je remarquerai qu’elle était évidemment trop petite (environ 9 millimètres de diamètre, valeur de 31 minutes sur un rayon d’un mètre) pour qu’on y vît des taches ordinaires. Si l’on a voulu parler de l’image produite par l’action simultanée de l’objectif et de l’oculaire, je demanderai comment il se fait que plus tard Galilée ait lui-même parlé de Castelli comme étant l’inventeur de ce moyen d’observer le Soleil.

Il m’en coûte de jeter du doute sur la sincérité de quelques admirateurs de l’immortel observateur italien ; mais les faits parlent d’eux-mêmes. En tout cas, j’use d’un droit dont plusieurs historiens de Galilée ont abusé. Voyez Nelli, par exemple ne rejette-t-il pas sans discussion et avec un dédain superbe les assertions à l’aide desquelles Bianchi prétendait donner au prince Cesi la découverte du microscope (tome i, page 190) ; si Grisellini croit pouvoir associer Sarpi à la reproduction de la lunette en Italie, l’historien irascible hésite-t-il à appeler