Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/307

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Kepler, l’astronome le plus célèbre de l’époque et celui qu’il appelait justement son maître en optique. Dans l’oisiveté des garnisons, Descartes était sans cesse occupé d’un projet colossal celui de refondre toute la philosophie. Cette continuelle contention d’esprit le plongea dans une sorte d’hallucination ; il avait souvent des visions nocturnes, dont il donnait le lendemain des explications qui semblaient être la preuve d’un dérangement complet de son intelligence. C’est dans une de ces vivions qu’il fit le vœu d’un pèlerinage à Notre-Dame de Lorette.

La secte des Rose-Croix, qui promettait aux hommes une nouvelle science et la véritable sagesse, avait pris en Allemagne beaucoup plus de crédit que de tels thaumaturges ne semblaient le mériter. Descartes fit de nombreuses démarches pour être affilié à cette secte. Le bruit se répandit à Paris qu’il avait réussi. Ses amis et particulièrement le père Mersenne s’en montrèrent très-inquiets car les Rose-Croix, loin de jouir en France de la faveur publique, y étaient l’objet, même sur les tréteaux de la foire, des plus sanglants quolibets. Descartes prit alors le parti de revenir à Paris pour rassurer les amis de ses principes philosophiques et ceux de sa personne. Pendant son séjour dans la capitale, il apprit qu’un de ses parents, qui remplissait un emploi dans l’administration de notre armée d’Italie, venait de succomber. L’idée du pèlerinage à Notre-Dame de Lorette lui revint alors à l’esprit. Il sollicita la place que la mort de sou parent avait laissée vacante et partit pour l’Italie. Il se rendit d’abord à Venise, accomplit le vœu qu’il avait