Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/309

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Descartes avait espéré que ses principes de philosophie, exposés avec clarté et la plus grande modération, seraient reçus du public avec des applaudissements universels. Loin de là, ils ont été pour lui le texte de calomnies hideuses et d’accusations imméritées. Ses découvertes mathématiques recevaient un accueil plus favorables, mais le nombre de personnes capables de les apprécier était très-restreint. Ces circonstances réunies jetaient dans son esprit un peu de découragement, lorsqu’il reçut de M. Chanut, ambassadeur de France à Stockholm, des offres séduisantes de la part de la reine Christine ; il les accepta après quelques hésitations, et se rendit en Suède où la reine lui fit l’accueil le plus flatteur. Elle voulut que Descartes vînt tous les matins à cinq heures l’entretenir de l’objet de ses études ; il ne put résister à cette obligation dans un climat aussi rude il fut saisi le 2 février 1650 d’une violente fluxion de poitrine et il mourut le 11 du même mois. La reine voulut lui faire accorder les honneurs réservés jusque là aux premières familles de la noblesse ; l’ambassadeur de France réclama au nom de la gloire nationale, et le corps de l’illustre philosophe fut transporté à Paris en 1666 et déposé dans l’église de Sainte-Geneviève. Le corps de Descartes avait librement traversé toute l’Allemagne, mais les douaniers de Péronne exigèrent pour le laisser passer qu’on ouvrît le cercueil et se livrèrent à un examen odieux des restes du grand homme.

Un décret de la Convention, rendu sur le rapport de Chénier, décida que le corps de Descartes serait transporté au Panthéon ; ce décret ne reçut pas d’exécution